Étude sur la perspective chez De Stijl

On se retrouve devant ce buffet. Sublime pièce de 1919, en hêtre vernis et aniline blanche pour souligner les coupes.

Modèle 3D par SomniumFormator

Ce buffet de Gerrit T. Rietveld pointe le fantasme de la technique dans toute l'esthétique du mouvement De Stilj. Le géométral prend ici toute sa puissance graphique, le plan devenant exactement l'objet. Les assemblages sont invisibles, l'objet se donne comme une accumulation logique, toute raisonnée. L'aniline blanche vient pointer la fin des segments. Le bois n'est plus bois. Peu importe la matière. Ce ne sont que des lignes et des plans. Dans les géométraux délirants, les façades, coupes et plans, tout le projet esthétique se retrouve.
Cependant ce buffet n'est pas que dessiné quand on l'a sous les yeux, l'objet même capturé par la photo, ou encore redessiné en 3D. La perpective conique annule alors le projet. Le degré de réalité plus grand, que ce soit par l'objet lui-même ou ses représentations, projettent l'idée dans une multiplication de points de fuite, qui font fuir le projet esthétique, justement. De Stilj fuit le réel.

Hoel Duret, Établi Rietvelt, 2013, vue de l'installation

Theo Van Doesburg et Cornelis Van Eesteren, pour le projet du hall de l'université d'Amsterdam, dessinent une perspective polychrome en 1923. La grille est ici complètement déformée. Hypnotique dans l'expérience, elle devient absurde dans sa représentation. Les bandes de papier sont péniblement découpés selon la grille tordue. La disparition des parallèles met fin au projet.

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